La petite fête – 2

 
Il y eut ceux qui hurlèrent à 20h pile et qui agitèrent avec entrain le joli petit drapeau tricolore qu’on leur avait distribué gratuitement à l’entrée.
Il y eut ceux qui pleurèrent et s’embrassèrent et vice-versa.
Il y eut ceux qui y croyaient et ceux qui n’y croyaient pas encore.
Il y eut ceux qui parlèrent aux journalistes, leur disant que c’était un beau score, qu’ils avaient bien gagné, que c’était mérité, que c’était vraiment super, que la vie n’allait forcément plus être la même à présent. Ils étaient probablement sincères.
Il y eut ceux qui chantèrent.
Il y eut ceux qui grimpèrent aux lampadaires avant, un peu plus tard, de grimper aux rideaux.
Il y eut ceux qui montrèrent leur pancarte au cas où on n’aurait pas deviné pourquoi ils étaient là.
Oui, oui, il y eut tout cela. Ce fut la fête.

Ce fut la fête mais ce ne fut pas une grande fête.

Ce ne fut pas une de ces grandes fêtes qui marquent pour longtemps une soirée de victoire électorale.
Ce ne fut pas 1981, 200.000 personnes à la Bastille et sur scène, emmenés par Claude Villers, Bernard Lavilliers, Marie-Paule Belle, Dalida, Alain Bashung. Une foule que seul l’orage parvient à arrêter de chanter et de danser (et encore).
Ce ne fut pas 1988, la place de la République prise d’assaut par Renaud, Bernard Lavilliers, Jacques Higelin, au Bonheur des Dames.
Ce ne fut pas 1995 la place de la Concorde noire de monde.
Ce ne fut pas 2007, 30.000 personnes à nouveau sur une place de la Concorde transformée en discothèque où grimpèrent Enrico Macias, Didier Barbelivien, Bigard, Gilbert Montagné et Mireille Mathieu qui entonne La Marseillaise.
Ce ne fut pas 2012, place de la Bastille, des dizaines de milliers de personnes qui attendent le nouveau président jusqu’à 2h du matin. Axel Bauer, Juliette, Cali, Yannick Noah, Anaïs, Camelia Jordana les aidèrent à patienter.

Ce soir de mai 2017, rien de tout cela. Autour de 10.000 personnes sur l’esplanade du Louvre. Sur scène, Magic System qui chante son tube de 2014 et Cris Cab. (Qui ?) La place se vida après le beau discours. Il était 23 heures. Quelques unes et quelques uns restèrent une heure de plus à danser. À minuit, faute de combattants, la sono fut éteinte, on rangea, on laissa la place aux balayeuses.
Une toute petite fête.